
Ciel immaculé d’un manteau cotonneux
Swing avance la loco à toute vapeur bouillante sur la terre désertique du Cyprès. Le soleil écarlate embaume quant à lui la nature universelle de l’inconscient minéral. Le courant d’air avance à toute berzingue et le silence assourdissant de la solitude évince les temps heureux du jeune Johnson en fuite.
Tac tac tac, tac tac tac font les rails régulières et rouillées dans la tête de l’angoissé dont la pâleur de la peau transpire la peur d’une possible captivité. Ses yeux à la vibrance tectonique s’enroulent d’images aléatoires comme si sa vie suivait le chemin d’un compas mal taillé, revenant sans cesse au point de départ et torturés comme une page froissée au bord de la déchirure. Ça tremble dans le cœur et meurt l’espoir. Tombent les cheveux et se rongent les ongles.
A travers la vitre poussiéreuse de sa voiture calfeutrée Johnson regarde la vie passer de l’autre côté . Comme si de rien n’était s’agitent les ailes étendues des hérons au bord de la rivière longeant la voix ferrée. Les bernaches elles se laissent entraînées par le courant alternatif tandis que des poissons remontent à la surface sous la surveillance de cormorans affamés. Quelques moineaux s’amusent et zigzaguent en interprétant un millier de mélodies. Puis des gouttes de pluies frôlent le verre protecteur du jeune Johnson et celui-ci se détend à la vue d’un arc-en-ciel dans un coin d’oraison. Bleu tranquille, jaune édulcoré, rouge chatoyant, orange fragile et mauve parfumée enrobent la fraîche température bocagère. Le vent soufflant depuis peu guide la cime des cumulonimbus vers cette terre paisible et enlace le ciel immaculé d’un manteau cotonneux.
Puis la vision de Johnson se trouble à l’idée d’un probable orage. Flous deviennent les arbres et folles surviennent les bourrasques. Les mots s’entrechoquent et implosent en une inflorescence de lettres arrachées dans le champ visuel titubant. Le paysage perd de son sens et les sensations aussi. La pilule calmante est passée et trépassent les neurones ad vitam eternam d’un jeune Johnson en fuite.
Julien Robert, le 22 mai 2022
Un soir de retour en train
Il y a quelques années je prenais quotidiennement le train entre Reims et Châlons-en-Champagne. En moyenne une quarantaine de minutes de transport… motif idéal pour se reposer, ou lire, ou écouter de la musique, ou quelque fois faire de la photo, en faisant attention bien sûr de ne pas déranger mes voisins de voyage.Ccette photo est la première prise durant ce transport. Ce que j’aime ici est son instantané, ses imperfections qui racontent ce moment de vitesse et de météo changeante.
Descriptif technique
A 1/1600 de secondes le mouvement a tendance à se figer. Ici j’ai joué sur les distances. J’ai visé le nuage au loin, et vue que le train était à sa vitesse maximum à ce moment là, le premier plan subit un flou de vitesse laissant une petite traînée. La netteté de ce cliqué est altérée également parce que à f/1.8 la profondeur de champs est courte… ce qui lui donne ce côté imparfait, doux…
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Date prise de vue: 22 avril 2014
Appareil photo : Nikon D80
Type : réflex numérique APS-C
Objectif : Nikkor 50mm F1.8 (équivalent 80mm argentique)
Sensibilité : 200 ISO
Diaphragme : f/1,8
Vitesse : 1/1600 sec.
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Keywords : Ciel immaculé d’un manteau cotonneux, photo de paysage prise dans un train, flou de mouvement, paysage, Julien Robert photographe de Châlons-en-Champagne.
